Père Ber­nard YAKPAH, curé sortant

Père Epi­phane BOGRA, curé entrant,

Mes­dames et mes­sieurs les auto­ri­tés en vos rangs et grades respectés

Chers frères et sœurs membres du conseil pas­to­ral paroissial

Chers fidèles paroissiens

Chers invi­tés

Je rends grâce à Dieu qui ne se trompe jamais en ses des­seins. L’acte de foi que nous enseigne l’Eglise nous fait prier ain­si : « Mon Dieu, je crois fer­me­ment toutes les véri­tés que vous m’avez révé­lées et que vous nous ensei­gnez par votre sainte Église, parce que vous ne pou­vez ni vous trom­per, ni nous trom­per. Amen. » 

Si Dieu est la Véri­té, s’il est vrai qu’Il ne peut se trom­per ni nous trom­per il reste aus­si vrai que nous les hommes, nous pei­nons à com­prendre Dieu et à entrer dans ses des­seins d’amour. Il nous est dif­fi­cile d’accueillir ce qu’Il nous donne de vivre et de connaitre. Ain­si en est-il de S. Pierre dans l’évangile de ce jour. Nous sommes au cha­pitre 16 de S. Mat­thieu. Pierre venait de confes­ser sa foi en Jésus en affir­mant, le pre­mier par­mi tous les apôtres, ceci : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Aujourd’hui Pierre s’entend dire « Passe der­rière moi, Satan ! Tu es pour moi une occa­sion de chute car, tes pen­sées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes »

Confes­ser sa foi en paroles est une chose. Accep­ter d’entrer dans ce que nous affir­mons haut et fort en est une autre. Il y a bien sou­vent un abîme entre la foi que nous pro­fes­sons et notre men­ta­li­té, notre com­pré­hen­sion de Dieu, de sa manière d’agir, de se com­por­ter envers nous et dans le monde, dans l’Eglise, dans ce dio­cèse et dans notre paroisse. Il nous est dif­fi­cile d’accepter ce qui nous heurte, ce qui nous sur­prend, ce qui nous fait souf­frir, ce qui nous bou­le­verse comme pou­vant être une manière d’agir de Dieu, une manière pour Lui de nous accom­pa­gner, d’être pré­sent à nos côtés. Nous com­pre­nons alors l’enseignement de Paul dans la 2^e lec­ture de ce jour : « Ne pre­nez pas pour modèle le monde pré­sent, mais trans­for­mez-vous en renou­ve­lant votre façon de pen­ser pour dis­cer­ner quelle est la volon­té de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait »

Mes pères,

Chers fidèles

Qu’est-ce qui est l’essentiel, le plus impor­tant dans notre vie ? Père ou mère de famille, curé ou vicaire, prêtre ou Evêque, jeune ou enfant, riche ou pauvre que devons-nous recher­cher le plus dans notre vie, dans nos pen­sées et dans notre agir ? Quelle est notre richesse abso­lue, que nous devons veiller à ne jamais perdre ? La réponse à toutes ces ques­tions la voi­ci : trans­for­mez-vous en renou­ve­lant votre façon de pen­ser pour dis­cer­ner quelle est la volon­té de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est par­fait » Qui que nous soyons, ce qui compte le plus et que nous devons recher­cher c’est la volon­té de Dieu, ce qui est bon, ce qui est capable de Lui plaire. Pour­quoi ? Eh bien parce que seul Dieu sait de quoi nous sommes faits et pour quoi il nous a vou­lu sur cette terre. Lui seul sait ce qui peut nous rendre heu­reux. Lui seul comble et peut com­bler la soif de bon­heur de l’homme. Lui seul ras­sa­sie l’homme, comble le cœur de l’homme. L’expérience de Pierre au mont Tabor le jour de la trans­fi­gu­ra­tion est fort élo­quente : devant Jésus qui se révèle dans sa gloire Pierre s’écrit : «’’Sei­gneur, il est bon que nous soyons ici !Si tu le veux, je vais dres­ser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.’’ En réa­li­té Pierre ne savait pas ce qu’il disait. Devant Dieu qui se révèle et se donne, l’homme se sent heu­reux, com­blé au point de ne plus rien vou­loir que cette pré­sence, cet ins­tant. »[1]

Père Epi­phane curé installé,

Au milieu de ce peuple, votre mis­sion est de lui don­ner Dieu. Vous avez à leur don­ner Dieu. Mais com­ment ? Vous don­ne­rez Dieu à vos fidèles en accom­plis­sant sim­ple­ment, hum­ble­ment, avec beau­coup de zèle et d’amour votre minis­tère. L’essentiel de ce minis­tère a été expli­ci­té à tra­vers les dif­fé­rents rites d’installation. Il va de soi que pour bien rem­plir cette mis­sion il faut au moins trois (3) choses : la sta­bi­li­té, la dis­po­ni­bi­li­té à accueillir et à écou­ter, la patience.

Pro­vi­den­tiel­le­ment le Sei­gneur vous donne deux exemples de pas­teurs et de pro­phètes : S. Gré­goire le Grand et S. Jéré­mie. Dans l’une de ses homé­lies S. Gré­goire le Grand disait : « Fils d’homme, je fais de toi un guet­teur pour la mai­son d’Is­raël. Il faut noter que le Sei­gneur désigne comme un « guet­teur » celui qu’il envoie prê­cher. Le guet­teur se tient tou­jours sur la hau­teur pour voir de loin tout ce qui va venir. Et tout homme qui reçoit le poste de guet­teur doit se tenir sur la hau­teur par sa vie, afin de pou­voir rendre ser­vice par sa vigi­lance. [2]»

Quant au pro­phète Jéré­mie, il a fait l’expérience du rejet avec la ten­ta­tion de ne plus par­ler de Dieu et pour­tant il a tenu bon jusqu’au bout. De cette expé­rience, il nous a lais­sé ce que l’on appelle « les confes­sions de Jéré­mie ». La pre­mière lec­ture de ce jour nous en donne un extrait : « Sei­gneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as sai­si, et tu as réus­si. À lon­gueur de jour­née je suis expo­sé à la raille­rie, tout le monde se moque de moi. Chaque fois que j’ai à dire la parole, je dois crier, je dois pro­cla­mer : ‘’Vio­lence et dévas­ta­tion !’’ À lon­gueur de jour­née, la parole du Sei­gneur attire sur moi l’insulte et la moque­rie. Je me disais : ‘’Je ne pen­se­rai plus à lui, je ne par­le­rai plus en son nom.’’ Mais elle était comme un feu brû­lant dans mon cœur, elle était enfer­mée dans mes os. Je m’épuisais à la maî­tri­ser, sans y réussir. »

Ce n’est pas tou­jours donc que vous serez com­pris, père Epi­phane. Il vous sem­ble­ra même par­fois que vos efforts ne donnent pas les fruits atten­dus, escomp­tés. Mal­gré cela, il vous fau­dra per­sé­vé­rer avec joie, amé­lio­rant sans cesse votre lan­gage, les méthodes et renou­ve­lant sans relâche votre ardeur dans le ser­vice de ce peuple.

Père Ber­nard,

Mer­ci pour le ser­vice ren­du aux fidèles de cette paroisse. J’imagine qu’à l’annonce de votre affec­ta­tion plu­sieurs ont mani­fes­té leur sur­prise et leur mécon­ten­te­ment, avec la ten­ta­tion de faire le dépla­ce­ment de Kara pour ren­con­trer l’auteur d’une telle déci­sion. Cela est à la fois un bon signe et un appel à ne pas à en tenir trop compte. Car, les hommes passent mais l’œuvre de Dieu se pour­suit. Quel que soit le lieu de votre mis­sion met­tez tout votre cœur en atten­dant de Dieu seul la vraie recon­nais­sance et la vraie récom­pense. Pen­dant ces quelques mois de pas­teur de cette paroisse, il m’a sem­blé com­prendre que vous étiez déci­dé à faire de bonnes choses en mobi­li­sant les fidèles dans la prise de conscience de leurs res­pon­sa­bi­li­tés quant aux moyens de la mis­sion dans cette paroisse. Dans ce sens vous avez cher­ché à mettre en pra­tique ce que vous avez appris à Abid­jan. Ain­si vous vous effor­ciez d’avoir une ges­tion et une admi­nis­tra­tion des biens de la paroisse qui res­pirent et per­mettent la trans­pa­rence. Mer­ci pour tout cela. Je ne doute pas que votre suc­ces­seur conti­nue sur cette lancée.

Chers fidèles de la paroisse

Soyez remer­ciés pour l’accueil fra­ter­nel que vous réser­vez aux prêtres qui vous sont envoyés. Vous com­men­ciez à peine à décou­vrir le P. Ber­nard, à goû­ter à la joie de l’avoir comme pas­teur. Et voi­là que l’Evêque l’arrache subi­te­ment à votre affec­tion. Et vous voi­là obli­gés de recom­men­cer l’exercice de la décou­verte du P. Epi­phane. Beau­coup de ques­tions se bous­culent cer­tai­ne­ment dans vos cœurs. Je vous com­prends. Mais en même temps je vous dis ceci : remet­tons tout entre les mains de Dieu. Car c’est Lui qui appelle, consacre et envoie. L’Eglise c’est son œuvre à Lui. Il sau­ra faire tout concou­rir à notre bien.

Jus­te­ment quant à votre pauvre et indigne ser­vi­teur, priez pour moi. Que mes déci­sions tendent à reflé­ter vrai­ment la volon­té de Dieu et le bien des âmes qui doit être dans l’Eglise la loi suprême.

Et que Dieu tout-puis­sant vous bénisse : le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen

Sei­gneur donne-leur le repos éter­nel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen

ENSEMBLE POUR LE CHRIST. ENSEMBLE POUR NOTRE DIOCESE. Amen.

+ Jacques Dan­ka LONGA

Evêque de Kara

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[1] Cf. Mgr Jacques LONGA, homé­lie du dimanche 6 août 2023 en l’église parois­siale Nati­vi­té du Sei­gneur, Pessaré.

[2] 2^e lec­ture de l’office des lec­tures au 3 sep­tembre, mémoire de S. Gré­goire le grand.