Religion et genre : dialogue interreligieux au palais des congrès de Kara

Du mardi 29 au mercredi 30 juillet 2025, le palais des congrès de Kara a servi de cadre à un forum inédit sur le thème : « Religion et Genre ». Organisée dans une dynamique de dialogue interreligieux, cette rencontre a rassemblé principalement de jeunes représentants de la religion chrétienne catholique, de l’islam et de la religion traditionnelle africaine. Ensemble, ils ont réfléchi aux enjeux soulevés par la question du genre dans les pratiques religieuses et les enseignements des différentes confessions.
Placé sous le signe de l’écoute mutuelle et de l’apprentissage réciproque, le forum a offert un espace d’enrichissement aux jeunes croyants désireux de mieux comprendre la position de chaque religion face à des problématiques sensibles, notamment celle — souvent controversée — de l’accès des femmes aux fonctions liturgiques telles que le sacerdoce ou l’imamat.
Les travaux, répartis sur deux journées, ont alterné entre communications introductives, tables rondes thématiques et débats interactifs. Chaque confession a exposé les fondements doctrinaux de sa tradition quant au rôle et à la dignité de la femme et de l’homme, tout en insistant sur la nécessité de comprendre le genre non seulement comme une construction socioculturelle, mais aussi comme la reconnaissance de la composition physiologique de l’homme et de la femme.
Une parole claire des confessions religieuses
Pour l’Église catholique, représentée par Mgr Jacques Danka LONGA, évêque de Kara, tous les baptisés participent à la triple mission du Christ : prêtre, prophète et roi. Ainsi, toute responsabilité peut être exercée par une femme dans l’Église catholique, à l’exception du sacerdoce ministériel. Il ne s’agit pas d’une question d’incapacité ni d’infériorité de la femme. La preuve en est que tous les hommes ne sont pas appelés au sacerdoce.
Mgr Jacques LONGA a souligné que le sacerdoce n’est pas une promotion sociale, ni un simple service pastoral. Le prêtre se définit par ce qu’il est, non simplement par ce qu’il fait. Or, ceux qui revendiquent l’ouverture du sacerdoce aux femmes se limitent souvent aux actes extérieurs du ministère. Le véritable enjeu, a‑t-il précisé, n’est pas la distribution des rôles sociaux, mais la signification sacramentelle de l’ordre. Le prêtre représente le Christ, Époux de l’Église, et cette dimension nuptiale justifie l’exigence de la masculinité dans ce ministère. Il a également souligné que si l’on se limitait à des rôles sociaux, l’Église serait déjà en avance sur bien des sociétés, notamment dans la vie religieuse.
Quant à la fonction d’enseignement et de gouvernement, elle peut être exercée par des hommes comme par des femmes, religieux ou religieuses. Seule la fonction de sanctification, exercée notamment à travers l’administration des sacrements – dont l’eucharistie, sommet de la vie chrétienne – est réservée au prêtre, représentant du Christ à la fois victime, autel et sacrificateur.
Chez les protestants, en revanche, cette restriction n’existe pas, la mission étant davantage perçue comme un service d’enseignement et d’administration de la communauté, dans la dynamique des dons de l’Esprit accordés à tout être humain. Cette approche rejoint, d’une certaine manière, l’ouverture de l’Église catholique à la participation des femmes dans de nombreux domaines de la vie ecclésiale.
De son côté, l’imam Awalé IDO a rappelé que l’islam accorde également une grande place à la femme, en valorisant sa dignité et en œuvrant pour sa promotion. Toutefois, la présidence de la prière demeure réservée à l’homme, notamment en raison de la dimension sacrificielle qu’implique cette fonction.
Monsieur Rémy, représentant de la religion traditionnelle africaine, a quant à lui affirmé que les femmes peuvent exercer toutes les charges religieuses, y compris des fonctions de prêtresse ou de leader communautaire. Elles jouent un rôle central dans la vie rituelle et sociale. Toutefois, il a précisé qu’elles sont temporairement exemptées de certaines charges cultuelles durant leur période menstruelle, selon les règles de pureté rituelle propres à cette tradition.
Un engagement commun
Ce forum s’est achevé sur une note d’engagement : poursuivre les échanges dans un climat de respect des doctrines de chaque religion, de vérité, de fraternité et de collaboration. L’objectif commun est clair : faire des religions des leviers puissants pour promouvoir une société où hommes et femmes ont les mêmes chances de réussir, chacun dans sa vocation propre, dans le respect de sa foi.




