Homélie de Mgr Jacques LONGA à la messe d’action de grâce des Sœurs Christine et Martine couple des vœux temporaires de 04 novices

Lectures : Is 6, 1–8 ; Ps 23 ; Lc 1, 46–56
Bien-aimés dans le Seigneur,
Nous avons été conviés par les Filles de Marie Immaculée (FMI), sœurs marianistes. FMI, un nom qui est programme de vie, une indication du chemin, une indication qui donne des repères sûres, des balises pour la route ; FMI un appel à être et à devenir ce que fut, ce qu’est Marie, la Vierge Mère, tout à la foi l’humble servante du Seigneur et Vierge puissante. Nous avons été conviés par elles pour rendre grâce à Dieu avec elles à l’occasion du jubilé d’argent des sœurs Anne-Martine DIWIZIYE et Marie-Christine TINDADEBA et des vœux temporaires de Félicité, Faustine, Julianne et Catherine.
Conviés par les Filles de Marie Immaculée, nous sommes là au nom de notre foi, foi catholique qui fait de nous fils et filles de Dieu, Dieu révélé et offert, donné et proposé à l’humanité, à tous et à chacun. Fils et filles de Dieu et pour cela frères et sœurs des hommes quelle que soit leur origine, leur classe sociale et économique, quelle que soit leur religion. « L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux.» (2Co 5, 14–15).
Merci mes sœurs de nous avoir invités à chanter avec vous, l’action de grâce en union à Marie la première en chemin ; première en chemin ; chemin de la foi et de confiance totale en Dieu ; chemin du oui total, définitif, unique et irrévocable tout comme les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance, irrévocables (Rm 11, 29); chemin de recherche humble de ce que Dieu veut ; chemin de la petitesse et de la grandeur d’âme et de cœur ; chemin qui part du oui de l’annonciation jusqu’au oui de la croix, où, l’âme transpercée par le glaive, Marie reçoit son Fils désormais mort crucifié mais prêt à surgir du tombeau pour entraîner les hommes qui croient en Lui dans la vie au-delà de la mort ; dans la vie par-delà le tombeau. Filles de Marie Immaculée, vous êtes sur ce chemin parcouru par Marie, la première ; chemin de croix qui ouvre sur la gloire de la résurrection. Le Magnificat de Marie ouvre le chemin de la foi qui bouleverse nos repères habituels ; nos échelles de valeurs habituelles. Le Magnificat de Marie trace un chemin qui est, selon l’expression de S. Paul, folie pour les non-juifs, scandale pour les juifs (Cf. 1 Co 1, 20–25) : « Il renverse les puissants de leur trône ; il élève les humbles » Qui sont-ils les puissants ? Le puissant c’est moi. Le puissant c’est moi lorsque devant Dieu je crois être, avoir et pouvoir faire quelque chose par moi-même. L’un des exemples de ces personnes convaincues d’être quelque chose est illustré par ce qui suit : « Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. ‘’» (Lc 18,11–14)
Sœurs jubilaires et vous qui allez prononcer vos vœux temporaires, tout chemin de vocation vraie connaît cette réalité, cette vérité que décrit le récit de vocation du prophète Isaïe : « ‘’Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers !’’ L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : ‘’Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné.’’ J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : ‘’ Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ?’’ Et j’ai répondu : ‘’Me voici : envoie-moi !’’ » L’expérience du prophète Isaïe rejoint celle de la Vierge Marie en ceci que chacun des deux fait l’expérience de son néant face à Dieu et à son appel. A cela Dieu répond en rassurant : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » dit-il à Isaïe. A Marie l’ange répond « L’Esprit Saint viendra sur toi »
Sœurs jubilaires, c’est, me semble-t-il, l’expérience que vous faites depuis 25 ans c’est-à-dire d’une part le constat de votre indignité face à Dieu et à son appel à le suivre en tant que FMI et la réalité qui consiste à découvrir chaque jour que Dieu reste FIDELE à l’engagement pris avec vous, même s’il vous semble que de votre côté vous êtes en deçà. Tout cheminement vocationnel est se sera un paradoxe : la sainteté de Dieu d’un côté, l’indignité de l’homme de l’autre. Voilà pourquoi le parcours de toute vocation est un cheminement de conversion et de sainteté. Au nom de l’Église sœurs jubilaires, je vous dis Félicitations et merci d’avoir tenu bon jusqu’à ce jour. Merci de continuer à lutter courageusement offrant votre bonne volonté au Seigneur, cela quotidiennement avec confiance. Ne vous regardez pas vous-mêmes mais fixez vos cœurs et vos yeux sur JESUS et sa Mère, Marie.
Et vous Sœurs Félicité KPEDA ; Julianne NZIOKA, Catherine ADJIVON, Faustine PAMESSAM,
Merci d’avoir choisi d’être FMI. Vous avez choisi la meilleure part, elle ne vous sera pas enlevée, oui faites en sorte que personne ne vous enlève la joie profonde de vivre ce que vous avez choisi librement.
Et vous chers jeunes, laissez-vous regarder par le Christ. Ce que font Félicité, Faustine, Catherine, Juliane en ce jour est possible aussi pour vous : soit dans la prêtrise ou la vie consacrée soit encore dans le mariage. Je confie tous et chacun à la Vierge Marie qu’elle vous mette sur la conduite de son Fils, le Bon pasteur, figure que le psaume 22 prié dans cette messe évoque : « le Seigneur est mon berger, je ne manque de Rien. »
Seigneur, donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix.
Et que Dieu vous bénisse, le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen.
Ensemble pour le Christ. Ensemble pour notre diocèse.
+ Jacques Danka LONGA
Evêque de Kara