Mgr Jacques D. LONGA à la messe d’intronisation du Père Boniface KOLOMBIA à la Paroisse ND de Fatima

Homélie
Père Jonas ANAWIA, curé sortant, au nom des fidèles de cette paroisse, je vous dis merci pour les neuf années de service pastoral. Après ces années que ressentez-vous en ce moment ? Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de votre transfert ? Ce qui est vrai c’est que « chaque personne humaine s’adapte à son lieu et à son milieu de vie, ceci au-delà des opportunités ou hostilités. Plus l’on dure dans un milieu plus l’on finit par avoir des affections, des attachements et des oasis de vie et de joie qui permettent de se sentir plus ou moins heureux et épanoui. Ainsi, en est-il aussi pour les ministres sacrés dans les paroisses, services diocésains et autres. Ceci explique que d’une manière générale, les affectations ou transferts, même si elles sont bien accueillies par les personnes concernées, sont vécus parfois sinon souvent avec des déchirements. Car, à force de renoncement et de sacrifice l’on s’est construit ses propres sécurités, son monde. La nouvelle de l’affectation, consciemment ou non, brise cette stabilité et met sous nos yeux et dans notre cœur, l’idée de sauter dans l’inconnu et la nouveauté. Il nous faudra recommencer. Cela n’est pas de nature à nous laisser sereins. Sur ce point il nous faut tenir compte de deux choses »[1] La première c’est l’exemple de Jésus au soir du jeudi saint. La 2e c’est que tout départ sonne comme un appel à mourir à soi pour renaître.
« Au soir du jeudi Saint, il n’a pas été facile pour les disciples de Jésus d’écouter et de comprendre le discours d’adieux qu’il leur faisait. Mais il leur fit comprendre que son départ était une étape dans la réalisation de l’œuvre de salut des hommes. Ainsi le départ d’un prêtre d’un lieu doit être compris et vécu comme exigence de l’œuvre du salut des âmes dans un diocèse.»[2]
« Mais, si l’annonce de notre départ comporte cette sorte d’insécurité, elle est aussi porteuse d’un appel à sortir de nos habitudes et à nous lancer avec le Christ et pour lui, vers de nouveaux horizons, à sortir de nous-mêmes pour nous laisser interpeler et interroger par d’autres personnes et d’autres lieux. La suite du Christ et le service de l’Eglise comportent cela aussi et surtout ! ‘’qui veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive’’ Lc 9, 23 » [3]
Père Boniface, curé entrant, ces paroles adressées à votre prédécesseur vous sont aussi destinées. Votre départ de Kara, la ville épiscopale, est un appel à mourir à vous-même pour renaître. Sortir de la peau du proviseur, du formateur des séminaristes pour renaître à celle du pasteur ; sortir de vos habitudes pour vous lancer avec le Christ et pour Lui vers de nouveaux horizons, sortir de votre peau de recteur pour vous laisser interroger, interpeller par d’autres personnes, celles de cette paroisse, paroisse dont vous êtes natif. Vous y revenez non pas comme fils de papa KOLOMBIA, dont la maison est juxtaposée à cette église paroissiale mais bien comme pasteur de ce peuple, peuple choisi et aimé de Dieu. Prenez le plus tôt possible la mesure de vos responsabilités mais aussi et surtout des défis pastoraux qui sont expressions de la soif des âmes de l’Evangile, Bonne nouvelle du salut. Je puis vous assurer que les fidèles que voici avec en tête vos deux (2) vicaires, les sœurs de S. François d’Assise, les conseils pastoral et des affaires économiques sont là, non seulement pour recevoir mais aussi pour collaborer avec vous à construire l’Eglise communion, conscients que « chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » ( 1 Co 12, 7). Père Honoré, confirmez-vous ce que je dis ? Et mes sœurs, vous membres des différents conseils, vous tous fidèles, est-ce que je me trompe ?
chers fidèles, s’il en est ainsi, regardez Boniface désormais non pas seulement comme votre fils, le fils du même village, mais comme VOTRE PASTEUR. C’est d’ailleurs ce que vous avez exprimé par le rite de l’obédience que vous avez accompli avant le chant du gloria.
Père curé, la balle est donc dans votre camp, car, comme nous le savons, tel père tel fils.
Père Boniface,
Père Jonas,
Comme vous le savez, « dans l’Eglise, tout office est service : évêque diocésain, coadjuteur ou auxiliaire, curé, économe, secrétaire, vicaire etc. Ainsi, où que nous soyons c’est pour les âmes. Quel que soit le lieu où l’on est envoyé, il y a : l’Evangile à annoncer, une communauté à construire ou à servir, des âmes dont il faut s’occuper, avec la grâce de Dieu. Seul alors l’esprit de service doit présider et prévaloir en nous par rapport à l’office que nous recevons et par rapport à l’exercice quotidien de notre ministère. Il est, en définitive question de la charité pastorale. Et sur ce point notre modèle, exemple à tous est Jésus, le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, Lui qui, ‘’ayant la condition de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est anéantit prenant la condition de serviteur’’ Ph 2,6–7.[4] »
SILENCE
« En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : ‘’Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » Jésus nous rappelle que Dieu doit être aimé au-dessus de tout, absolument tout. L’enseignement de Jésus en ce dimanche nous renvoi au premier commandement de Dieu : « Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimera plus que tout »
A chacun de nous de voir, quelle place il donne à Dieu dans son cœur, dans sa vie et dans ses choix !
Seigneur donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen.
Ensemble pour le Christ. Ensemble pour notre diocèse.
Que Dieu tout-puissant vous bénisse le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen.
+ Jacques Danka LONGA
Evêque de Kara.
[1] Diocèse de Kara, dispositions diocésaines portant passation de service, 31 mai 2011
[2] Ibidem
[3] Ibidem
[4] Ibidem





