Homélie de Mgr Jacques LONGA aux vœux perpétuels des sœurs Joséphine BAKPATE et Rolande MIBINDA, Filles de Marie Auxiliatrice

Chers bien-aimés dans le Seigneur,
En souhaitant à toutes et à tous la bienvenue dans cette église, j’implore la bénédiction de Dieu sur chacun et sur chacune et particulièrement sur les Filles de Marie Auxiliatrice qui sont heureuses de l’engagement définitif de deux (2) des leurs, sœur Rolande et sœur Joséphine. Félicitations à vous, mes sœurs.
En cette occasion, chers amis, il n’est pas superflu de rappeler que la vie consacrée est d’abord un don de Dieu, don fait à l’Eglise et au monde. Chacune de vous, FMA doit se considérer comme un don fait à l’Eglise et au monde. Et nous devons regarder, considérer chaque personne consacrée comme un don de Dieu. Il nous faut pour cela purifier nos cœurs, nos regards pour contempler et admirer en chaque consacré, homme ou femme un don de Dieu, don précieux, don à accueillir, à garder, à faire fructifier.
Rendons donc grâce à Dieu pour le grand don qu’Il fait à l’Eglise et au monde de la vie consacrée. Ce don, don précieux, don inestimable, Dieu le fait à des créatures pauvres et faibles fragiles et chancelantes. S. Paul confesse justement “ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous.” (2 Co 4, 7).
En effet, quand Dieu met au cœur d’un jeune homme, d’une jeune fille le désir et la grâce de Lui livrer sa personne, sa fougue, son enthousiasme, sa beauté, le cœur de ce jeune homme, de cette jeune fille se dilate et doit se dilater aux dimensions du monde. Son cœur, le cœur du consacré, de la consacrée devient le relai du cœur de Dieu pour accueillir, aimer, consoler toute personne humaine, quel que soit son âge, sa classe sociale, économique et sa condition financière. Avec les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, le consacré s’en remet à Dieu totalement pour être à tous et à chacun, sans exception. Se consacrer ainsi au Seigneur, en réalité grandit, élargit les horizons, enrichit, rend libre pour aimer sans restriction, servir sans attendre d’autre récompense que celle de se savoir soi-même aimé et servi le premier, par Dieu Lui-même. Dans l’Évangile, un jour « Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : ‘’ Voici que nous avons tout quitté pour te suivre : quelle sera donc notre part ? ‘’ Jésus leur déclara : ‘’Et celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle. » (Cf. Mt 19, 27–29).
Sœur Rolande, sœur Joséphine, votre bonheur sera à la mesure de l’ouverture de votre cœur et de votre être à tout visage humain et à toute situation humaine, sans préférence aucune. A ceux et celles qui vous rencontrerons, donnez le témoignage de personnes consacrées heureuses, mures, épanouies. Que vos faiblesses, fragilités et mêmes vos péchés ne vous découragent pas, bien au contraire. Abimez-vous dans le cœur miséricordieux de Jésus particulièrement dans la prière humble du publicain de l’évangile de Mathieu, dans la fréquentation assidue, humble et conscience du confessionnal et dans l’eucharistie. C’est de cette manière que vous demeurerez quotidiennement et progressivement en Lui, Jésus, la Vigne véritable.
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir. Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 31–39)
Bien-aimés dans le Seigneur,
Nous venons d’entendre ces paroles fortes. Elles sont de S. Paul, apôtre. Mais avant de devenir apôtre nous savons tous ce qu’il était. Paul, persécuteur des chrétiens, devenu lui-même chrétien et héraut de l’Évangile et du christianisme ; Paul, pharisien convaincu et convainquant devenu intrépide apôtre du Christ, annonciateur et défenseur de l’Évangile. C’est cet insigne serviteur du Christ qui écrit aux romains ce que nous venons de réentendre. Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.
Il faut se référer à toute la vie de Paul à travers le livre des actes des apôtres et les lettres qu’il a écrites pour mieux comprendre ces affirmations qu’il fait dans ce passage de la lettre aux romains. Par exemple dans toutes ses lettres, pratiquement S. Paul se trouve obligé de défendre sa vocation et sa mission. Ainsi, sa 2e lettre aux corinthiens, parlant de ceux qui mettent en cause son autorité d’apôtre, Paul se défend en disant, entre autres, « Pourriez-vous supporter de ma part un peu de folie ? Oui, de ma part, vous allez le supporter. J’estime, moi, que je ne suis inférieur en rien à tous ces super-apôtres. Je ne vaux peut-être pas grand-chose pour les discours, mais pour la connaissance de Dieu, c’est différent : nous vous l’avons montré en toute occasion et de toutes les façons. Ils sont ministres du Christ ? Eh bien – je vais dire une folie – moi, je le suis davantage : dans les fatigues, bien plus ; dans les prisons, bien plus ; sous les coups, largement plus ; en danger de mort, très souvent. Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre heures perdu en pleine mer. Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant de mes frères de race, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil, la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste : ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. »(2 Co 1.5–6.23–28).
Après avoir vécu tout ceci, Paul a raison de dire aux romains ce que la 2e lecture de ce jour nous fait entendre. Ce qu’il écrit est un dévoilement de sa vie intérieure de son expérience de foi et de consécration au Seigneur au service de l’Évangile. Ces paroles de Paul ne sont pas une leçon apprise, paroles à répéter comme une récitation mais elles répondent à une profonde expérience personnelle de Paul dans ses relations avec le Christ, au service de l’Église. Paul extériorise ici un tout petit peu la richesse de son expérience spirituelle avec Dieu qui lui donne de supporter toute souffrance et incompréhension.
A la suite de Paul, toute personne consacrée doit pouvoir faire son expérience de croix et de gloire au service de Dieu et des âmes.
Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen.
Seigneur donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen.
ENSEMBLE POUR LE CHRIST. ENSEMBLE POUR NOTRE DIOCESE.
+Jacques Dans LONGA
Evêque de Kara







