Voi­ci l’ho­mé­lie de l’E­vêque à la messe de suf­frage en faveur du pape émé­rite Benoît XVI. Messe célé­brée à la cathé­drale Sts Pierre et Paul de Kara à 6h 30. Cette homé­lie est un témoi­gnage élo­quent ren­du au pape émérite. 

Jeu­di 5 jan­vier 2023

A la cathé­drale SS. Pierre et Paul de Kara

Messe de suf­frage pour le pape émé­rite Benoît XVI

Père vicaire général

Auto­ri­tés poli­tiques, admi­nis­tra­tives et militaires,

Pères concé­lé­brants,

Révé­rendes sœurs, révé­rends frères

Chers amis et chers tous,

Nous sommes là pour célé­brer les misé­ri­cordes du Sei­gneur. C’est vrai que Dieu est amour. Mais Il est aus­si misé­ri­corde. Car la misé­ri­corde est un autre visage, un autre nom de l’amour. La misé­ri­corde c’est l’amour se pen­chant sur la fai­blesse, la fra­gi­li­té humaine. Nous sommes là pour dire les misé­ri­cordes de Dieu envers une per­sonne, le pape Benoît XVI. Mais en même temps nous sommes là pour redire à nous-mêmes les misé­ri­cordes de Dieu vis-à-vis de l’homme, de l’humanité entière. Dieu est bon. Il est misé­ri­cor­dieux. Il est plein d’amour et de tendresse.

Pour­quoi la mort de Benoît XVI touche-t-elle ain­si, le monde entier ? Qui est-il pour mobi­li­ser le monde entier ? Il ne vient pas faci­le­ment de dire émé­rite. Peut-être parce que ce geste du pape benoît XVI est ori­gi­nal. Arri­vé à ce niveau de res­pon­sa­bi­li­té et dire : « je laisse la place à un autre » ! C’est bien sûr signe d’humilité mais aus­si expres­sion de grande foi. Benoît XVI est bien celui qui a cru en la misé­ri­corde du Sei­gneur ; celui qui a pas­sé sa vie à par­ler de cette misé­ri­corde de Dieu, à prê­cher l’Evangile. En Alle­magne sa patrie natale Josef RATZINGER, a prê­ché l’Évangile par l’enseignement dans les uni­ver­si­tés, dans la pas­to­rale en tant que prêtre, puis Evêque. Il a annon­cé le Christ et son Evan­gile à la tête d’un dicas­tère romain où il a veillé sur l’orthodoxie de la foi. Comme pré­fet du dicas­tère pour la doc­trine de la foi, il avoir la grave res­pon­sa­bi­li­té de veiller sur le dépôt de la foi. Comme vous le savez il n’est pas facile de dire à quelqu’un qu’il se trompe, qu’il est dans l’erreur. L’on peut com­prendre aisé­ment les cri­tiques que Joseph RATZINGER a eues en tant que pré­fet de la Congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi. Deve­nu pape sous le nom de Benoît XVI, il a prê­ché l’Evangile en por­tant le poids, la charge de toute l’Eglise sur ses épaules, mais sur­tout dans son cœur de pas­teur appe­lé à affer­mir ses frères. « 31 Simon, Simon, dit Jésus à Pierre, voi­ci que Satan vous a récla­més pour vous pas­ser au crible comme le blé. 32 Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras reve­nu, affer­mis tes frères. » (Lc 22).

J’ai revu la scène de son appa­ri­tion après son élec­tion sur le siège de Pierre. « Dopo il grande papa Gio­van­ni Pao­lo …» après le grand pape Jean-Paul II mes­sieurs les car­di­naux m’ont élu, moi l’humble ser­vi­teur dans la Vigne Sei­gneur. Affir­mer cela est expres­sion des rela­tions entre lui et le pape Jean-Paul II. Je me per­mets en consé­quence de faire un clin d’œil vers le pape S. Jean-Paul II. Quelques mois après le départ vers la mai­son du Père du Pape Jean-Paul II, il y a eu un film inti­tu­lé : « un uomo diven­ta­to papa », un homme deve­nu pape. En réa­li­té ce titre est un résu­mé de l’attrayante et rayon­nante per­sonne et per­son­na­li­té du pape Jean-Paul II. En effet, Jean-Paul II fut pro­fon­dé­ment un homme, un prêtre, un Evêque et un pape au cœur pro­fon­dé­ment humain. Il est très signi­fi­ca­tif que sa pre­mière ency­clique porte ce titre Redemp­to­ris homi­nis en fran­çais « Le Rédemp­teur de l’homme » Ain­si il pré­sen­tait le Christ comme le Rédemp­teur de l’homme, de tout homme. Dans cette ency­clique il écri­vait : « L’homme est la route de l’Eglise ». Que dire de Benoît XVI ? L’on peut s’hasarder à dire ceci : Benoît XVI fut un chré­tien, un théo­lo­gien pas­sion­né par la recherche de la véri­té, recherche de Dieu dans une foi humble, sin­cère et forte, un ser­vi­teur et Evêque sou­cieux de gar­der et de trans­mettre intact le dépôt de la foi. Le chré­tien, le prêtre l’évêque devrait être un cher­cheur de Dieu. L’Evangile peut-être lu comme une recherche de Dieu. D’ailleurs les monas­tères sont nés comme lieu où les hommes et les femmes se reti­raient pour cher­cher Dieu. Le prêtre, l’évêque doit avoir le sou­ci, la pré­oc­cu­pa­tion de trans­mettre le dépôt de la foi fidè­le­ment selon l’expression de S. Paul dans sa lettre aux corin­thiens 15 : « Je vous ai trans­mis ce que j’ai moi-même reçu ». On ne trans­met que ce que l’on a. Benoît XVI était un chré­tien JOYEUX, D’UNE JOIE CONTENUE.

SILENCE

« L’un des mal­fai­teurs sus­pen­dus en croix l’injuriait : ‘’N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aus­si !’’Mais l’autre lui fit de vifs reproches : ‘’Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pour­tant un condam­né, toi aus­si ! 41 Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méri­tons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.’’ 42 Et il disait : ‘’Jésus, sou­viens-toi de moi quand tu vien­dras dans ton Royaume.’’43 Jésus lui décla­ra : ‘’Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Para­dis.’’ 44 C’était déjà envi­ron la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neu­vième heure, 45 car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanc­tuaire se déchi­ra par le milieu. 46 Alors, Jésus pous­sa un grand cri : ‘’Père, entre tes mains je remets mon esprit’.’’ Et après avoir dit cela, il expira. »

C’est ce Jésus sus­pen­du à la croix, insul­té, raillé par tous mais défen­du par le lar­ron qua­li­fié de BON que le pape émé­rite Benoît a annon­cé toute sa vie durant ; c’est Lui qu’il nous laisse en héri­tage ain­si qu’il l’écrit dans son tes­ta­ment spi­ri­tuel daté du 29 août 2006 : « Je remer­cie les gens de ma patrie, car c’est en eux que j’ai expé­ri­men­té, encore et encore, la beau­té de la foi. Je prie pour que notre terre reste une terre de foi et je vous en prie, chers com­pa­triotes : ne vous lais­sez pas détour­ner de la foi res­tez fermes dans la foi ! Ne vous lais­sez pas trou­bler (…). Ce que j’ai dit aupa­ra­vant à mes com­pa­triotes, je le dis main­te­nant à tous ceux qui, dans l’É­glise, ont été affec­tés à mon ser­vice : Jésus-Christ est vrai­ment le che­min, la véri­té et la vie – et l’É­glise, avec toutes ses insuf­fi­sances, est vrai­ment son corps. Enfin, je demande hum­ble­ment : priez pour moi, afin que le Sei­gneur, mal­gré tous mes péchés et mes insuf­fi­sances, me reçoive dans les demeures éter­nelles. De tout cœur, ma prière va à tous ceux qui, jour après jour, me sont confiés. »

Silence

‘’Père, entre tes mains je remets mon esprit’.’’ Et après avoir dit cela, il expira. »

Sei­gneur donne-lui le repos éter­nel et que brille à ses yeux la lumière sans déclin. Qu’il repose en paix. 

Que Dieu tout-puis­sant vous bénisse, le Père le Fils et le Saint Esprit. Amen.

Ensemble pour le Christ. Ensemble pour notre diocèse.